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La vigne et le vin dans la sculpture

Il Y A 4 500 ANS, LE ROI D'ÜR PORTE UN TOAST : BIERE OU VIN ?

 

1. Parmi les réalisations caractéristiques de l'art des dynasties sumériennes archaïques figurent des plaques sculptées en bas-relief et perforées en leur centre. Généralement taillées dans une pierre tendre telle que le calcaire, ces plaques sont ornées d'un motif narratif sculpté, organisé selon un découpage en registres superposés. La perforation centrale était vraisemblablement destinée à fixer la plaque au mur à l'aide d'une cheville, au sein de l'espace votif d'un sanctuaire. Ur-Nanshe est le souverain de l'État sumérien de Lagash, une des cités-États qui, au IIIe millénaire, se partageaient la grande plaine alluviale de Mésopotamie méridionale. Il est considéré comme le fondateur, vers 2500 av. J.-C., de ce qu'il est convenu d'appeler la première dynastie de Lagash. Son inauguration par Ur-Nanshe est marquée par la réalisation de nombreux ouvrages architecturaux. Des sanctuaires sont ainsi édifiés en l'honneur de chacune des grandes divinités du pays (source : Musée du Louvre). 

 

C’est ainsi qu’au registre inférieur, le souverain de Lagash apparaît entouré de ses fils et de hauts fonctionnaires. Assis un gobelet à la main, Ur-Nanshe préside un banquet rituel qui commémore la construction du temple. Le roi et son entourage immédiat boivent sans doute du vin. Si la bière était la boisson la plus courante à Sumer, le vin était celle d'une minorité de privilégiés. Ceci n’est pas sans rappeler le roi (le même souverain ?) qui fête la victoire avec ses frères d’armes (L’Étendard d’Ür) >>). Dans les deux cas, avant la lettre, le roi porte un toast.

Pour en savoir plus : Galerie "Objets d'art"  >>

LE VIN EST LE COMPAGNON DES PHARAONS

2. Au pays des pharaons, nul ne pouvait accéder au royaume des morts sans être muni d’une réserve de nectar. Le vin n'est pas un sujet aussi profane qu'on pourrait l'imaginer, car le vin (rouge) est assimilé au sang du dieu Osiris, tué et dépecé par son frère Seth. Enfin, comme déjà dit à propos des fresques de l'ancienne Egypte, le vin favorise l'ivresse et donc l'amour et la sexualité.

 

Lors de la découverte du tombeau de Toutankhamon, mort en 1352 avant notre ère, les archéologues découvrirent vingt-six amphores vinaires parmi le mobilier funéraire qui entourait la momie. Les étiquettes et les sceaux portés par ces jarres indiquaient la date de leur fermeture, leur lieu d’origine, et la nature du produit qu’elles renfermaient. On apprend notamment que sept d’entre elles provenaient de propriétés du pharaon dans le delta du Nil, et seize autres du domaine royal de la maison d’Aton (le nom de ce dieu solaire est utilisé pour désigner les vignobles des rois Amenhotep III et Akhenaton, qui ont précédé Toutankhamon). Les millésimes des vins y figuraient également, ainsi que le nom des responsables et des chefs de la vinification, parmi lesquels un certain Kha, responsable de la production du domaine d’Aton et du domaine de Toutankhamon et qualifié de « gardien des secrets de la chambre des vins », ce qui tend à montrer que ce poste était très important et faisait l’objet de considération. Pour preuve cette inscription déchiffrée sur une des amphores : « An 4, Vin doux du Domaine d’Aton, vie, prospérité, santé, du fleuve de l’Ouest - Vigneron : Kha ». Les mentions portées sur les amphores font également référence à la qualité du vin : certaines signalent une « très bonne qualité ». D’autres tombeaux datés de cette même période dite « du Nouvel Empire » (du XVIème au XIème siècle avant notre ère) sont ornés de décors représentant les différentes étapes de la fabrication du vin, de la conduite de la vigne en treille à la fermentation du jus, en passant par les vendanges et le pressage des raisins. Il s’agit de celui de Nakht (TT52), scribe et astronome d’Amon, situé à Gourna, et de celui de Sennefer (TT96), également appelée « tombe aux vignes » (XVIIIe dynastie, c’est-à-dire de -1550 à -1292). Source: INRAP

Pour en savoir plus : Galerie "Fresques antiques"  >>

LE ROI HITTITE OFFRE DU VIN AU DIEU DE TEMPÊTE

3. Ce type de bas-relief rupestre, c'est-à-dire taillé dans la roche, est typique de l'art hittite. Il est situé dans le centre-sud de l’Anatolie, dans la ville d’Aydinkent, anciennement appelée Ivriz. Il représente le roi Warpalawas qui, dans un geste de salutation ou d'adoration, offre une grappe de raisin au dieu de la tempête Tarhunzas. Les Hittites considéraient que la vigne était un "arbre de vie", symbole de vitalité et de fécondité, préfigurant ainsi la dualité vin/vie qu'on retrouvera tout au long de l'histoire avec les mythes dionysiaques, puis dans la religion chrétienne. La vigne était associée au rituel de fondation des nouveaux palais, de purification des villes et des maisons après les funérailles ou de libation. La loi punissait les dommages occasionnés aux vignes, ordonnait de clore les parcelles et prévoyait des compensations en cas d'incendie.

LA VIGNE FAIT TRÈS NATURELLEMENT PARTIE DU DÉCOR

4. Le Siège de Lakish, qui se déroula en -701, opposa l'armée assyrienne au royaume de Juda. La victoire fut assyrienne et les habitants de Lakish massacrés, ou déportés, comme ici. Ce bas-relief ornait à Ninive, avec bien d’autres, les murs du palais du vainqueur, Sennachérib. Il est aujourd’hui exposé au British Museum à Londres. La vigne fait très naturellement partie du décor. La vigne y était conduite en hautain : elle est en quelle que sorte mariée à un arbre qui lui sert de tuteur, ses sarments s'accrochant aux branches. D’autres bas-reliefs, très nombreux, révèlent que quantité de palmiers, de vignes et de figuiers poussaient sur les collines avoisinantes.

DU VIN ET UN CHEVAL OFFERTS A DARIUS

 

5. Persépolis fêtait le nouvel an perse à l’équinoxe de printemps. Le roi Darius le Grand y recevait dans l’Apadana, sa salle d’audience, les tributs offert par les nations assujetties de l’empire. La délégation arménienne offre du vin et un cheval, présents représentatifs des meilleures productions de son pays. Le vin d’Arménie était très apprécié.

DIONYSOS EN TURQUIE A L'ÉPOQUE ROMAINE

6. Des têtes de statues en marbre de Dionysos et de la déesse de l'amour et de la beauté ont été découvertes en 2021 lors de fouilles archéologiques menées dans la ville antique d'Aizanoi, dans le district de Çavdarhisar de la province occidentale de Kütahya en Turquie. L’histoire d'Aizanoi remonte à plus de 5 000 ans. Pendant l'empire romain, la ville s'est développée, s'enrichissant grâce au commerce du vin, du blé et de la laine. "Lors de nos précédents travaux, nous avons généralement trouvé les corps des statues, et nous n’avons pas trouvé de têtes. Nous avons été très heureux de trouver ces têtes de statues », s’est félicité Gökhan Coşkun, coordinateur des fouilles et professeur du département d’archéologie de l’université de Dumlupinar. "Nous savons que les anciens dieux grecs Aphrodite et Dionysos existaient sous différents noms à l'époque romaine également. Ces découvertes sont importantes pour nous car elles montrent que la culture polythéiste de la Grèce antique a existé pendant longtemps sans perdre son importance à l'époque romaine.", a détaillé l'archéologue.

LA TENTATION D'ÈVE

7. Ce fragment de linteau - réalisation du deuxième quart du XIIe siècle - provient du portail latéral de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun, par lequel entraient les fidèles. Il appartenait à une scène représentant le péché originel : Ève était située entre la représentation de Satan sur sa droite - qui apparaît ici sous la forme d'un serpent dont on n'aperçoit qu'une main griffue - et celle d’Adam sur sa gauche, dans un ensemble que quelques descriptions anciennes permettent de reconstituer. Elle rampe sur les genoux et les coudes au milieu des arbres du jardin d'Eden, "en une souple arabesque, ondoyante, sinueuse", et détourne la tête pour ne pas voir le fruit défendu, une grenade*, qu'elle a pris des griffes du « démon » tentateur caché dans les feuillages de l'Arbre, celui de la connaissance du bien et du mal. Elle cache partiellement sa nudité derrière un cep de vigne qui, selon certains auteurs, pourrait symboliser sa descendance, l'humanité. 

 

Aujourd’hui au musée Rolin qui voisine la cathédrale, la Tentation d'Ève du sculpteur Gislebert (dit aussi Gislebertus)** a connu de nombreuses péripéties : le linteau a été démoli en 1766 et les blocs sculptés ont été vendus comme pierre de construction. Elle a été redécouverte un siècle plus tard, réutilisée dans une maçonnerie. Sa restauration récente a permis de constater qu’elle n’avait jamais été polychrome, contrairement à ce qui était dit auparavent. Elle est universellement reconnue comme un chef-d’œuvre de la sculpture romane. "Gislebert n'est pas un primitif, mais un Cézanne roman" disait André Malraux pour qui si ce dernier avait été le fondateur de l'art moderne, Gislebert avait quant à lui bouleversé l'art roman (cf. Le Musée Imaginaire de la sculpture mondiale, Librairie Gallimard, Paris 1954). Raymond Oursel fait également l'éloge de ce "sculpteur de génie" et dit de cette oeuvre : "prouesse technique et oeuvre étrange, unique dans la statuaire romane, par la sensualité lascive du corps nu, la pose féline, l'inquiétante volupté qui en émane et condense sur cet instant décisif tout le drame de la tentation et de la chute" (Bourgogne Romane, Zodiaque, 1886).au 

 

* Même si le pommier est le plus souvent cité, il n’y a aucune indication en ce sens dans la Bible. Selon les interprétations, le fruit défendu serait une pomme, une poire, une figue, ou une grenade comme ici, voire une grappe de raisins (à la basilique de Vézelay en Bourgogne, à  la basilique Saint-Sernin de Toulouse, à l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris, à la basilique Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, à la cathédrale de Gérone en Espagne)... La grenade a toujours été un symbole de fécondité, de richesse et de puissance, sans doute du fait de son grand nombre de grains, les fleurs étant, elles, symbole d’un amour brûlant. Elle est le fruit le plus cité dans la Bible : dans le Cantique des Cantiques, le mot "grenade" est même utilisé plusieurs fois pour décrire la beauté féminine.

** A qui sont attribués également le portail du Jugement dernier et une grande partie des chapiteaux historiés de la cathédrale, dont il a aussi dirigé de bout en bout le chantier de sculpture.

TRAVAUX VITICOLES ET DERNIÈRE CÈNE A NOTRE-DAME DE PARIS

8. La représentation des vices et des vertus ainsi que les signes du zodiaque et les travaux des champs associés est classique au moyen-âge. Les bas-reliefs de pierre de la façade ouest, autrefois peints, sont aujourd'hui au calcaire nu. Dans le cas présent, sur le portail gauche, dit le portail de la Vierge. Aux piédroits et aux faces latérales du trumeau, de petits bas-reliefs représentent les travaux des mois chez le pauvre et chez le riche, véritable abrégé de la vie au XIIIe siècle. Les signes du zodiaque associés aux travaux viticoles sont le Bélier et la taille de la vigne (à g., 4ème rang), la Balance et le foulage du raisin (à dr., 3ème rang).

9. Un mur de clôture sculpté sépare le déambulatoire (la zone de circulation) de l’intérieur du chœur où se tenaient les chanoines pour la prière.  Il n’en subsiste plus guère que la clôture, du moins une partie de la clôture, enrichie de sculptures en haut-relief encore couvertes de leurs anciennes couleurs. Au nord, sont sculptées les scènes de l’enfance et de la vie publique du Christ et les premières scènes de la Passion.

N-D de Paris, clôture sud du choeur

NOTRE-DAME DE PARIS, CLÔTURE SUD DU CHŒUR (cliquez l'image pour l'agrandir)

La fonction de ce mur est évidente : procurer aux chanoines un minimum de calme. Les fidèles de jadis étaient moins nombreux que les visiteurs d'aujourd’hui, mais, semble-t-il, plus bruyants.

 

AVEC NOÉ, UNE IVRESSE INVOLONTAIRE

10. L’ivresse de Noé est involontaire, les effets du vin étant encore inconnus. L’ivresse de Noé ne saurait donc lui être imputée comme un péché. La Bible nous raconte que l'un de ses fils profita de son ivresse pour se moquer de sa nudité, tandis que les deux autres la couvrirent respectueusement d’un manteau. Si l’on se souvient qu’Adam marque le début de la préhistoire humaine et Noé la fin de la préhistoire humaine, on remarque que cet épisode est construit en parallèle avec la nudité d’Adam (Genèse, 3,7). La nudité, symbole de la fragilité morale, devient avec les fils de Noé l’objet d’une vertu humaine, la délicatesse.

BACCHUS REPRÉSENTE L'AUTOMNE

11. Dans la cour de l'hôtel Carnavalet (qui abrite à Paris  le musée du même nom), la façade est ornée entre les fenêtres du premier étage de quatre grands bas-reliefs, les Saisons. Ils sont surmontés des signe du zodiaque correspondants, la balance pour l'Automne représenté très traditionnellement par Bacchus.

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LES SAISONS, Jean Goujon

Jean Goujon est l’un des sculpteurs les plus importants de la Renaissance française. Rompant avec la tradition des imagiers français, il est l'un des premiers artistes dont l'œuvre s'inspire directement de l'art antique et de la Renaissance italienne qu'il a étudiés personnellement en Italie.

A BORDEAUX ET STRASBOURG, MASCARON PEUT RIMER AVEC BACCHUS

12. En architecture, un mascaron est un ornement représentant généralement une figure humaine parfois effrayante dont la fonction était, à l'origine, d'éloigner les mauvais esprits afin qu'ils ne puissent pénétrer dans une demeure. Ils sont souvent apposés sur la clef de voûte des arcs des fenêtres ou des portes ou sur les linteaux. Nombre d’entre eux reflètent l’histoire de la ville avec, notamment, la reproduction de Bacchus en référence avec le commerce du vin. S'ils ont fait une entrée une entrée timide à Bordeaux aux XVIe et XVIIe siècles, leur mode explose au XVIIIe siècle, un siècle d'or pour la ville de Bordeaux. Cette prospérité provient essentiellement du port de la Lune qui va devenir un des premiers ports du royaume. Avec les grands travaux des années 1860, les mascarons refont une apparition sur les constructions édifiées sur les voies nouvelles dont les immeubles témoignent souvent d'un goût marqué pour le style Louis XV. Au final, Bordeaux en présente plus de 3 000 qui participent à l'ornementation des façades et des fontaines de la ville. Environ 1 000 datent du XVIIIe.

L'AUTOMNE (BACCHUS), série des Saisons, auteur anonyme, 1735-1736 - Palais Rohan, Strasbourg / 13

13. À Strasbourg, au Palais Rohan, les mascarons du rez-de-chaussée de la façade sud se situent sur les baies en plein cintre, selon la tradition de Versailles. Bacchus y représente à nouveau l'automne, il est orné de pampres de raisin noués sous le menton.

L'UNIVERS DIONYSIAQUE - Du classicisme au naturalisme, au seuil du baroque

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 1/ HERMES PORTANT DIONYSOS ENFANT, Praxitèle, c. 330 av. J.-C., découvert au Temple d'Héra à Olympie, marbre de Paros, 212 cm - Musée archéologique d'Olympie, Grèce.  2/ SILENE AVEC DIONYSOS ENFANT, Copie romaine du milieu du IIe siècle ap. J.-C. d'après un original grec de Lysippe (c. 300 av. J.-C.), marbre, 187 cm - Museo Chiaramonti, Braccio Nuovo, Vatican.  3/ BACCHUS, Michel-Ange, entre 1496 et 1497, marbre, 203 cm - Museo Nazionale del Bargello, Florence.

 4/ BACCHANALE : ENFANTS TAQUINANT UN FAUNE, Gian Lorenzo Bernini et Pietro Bernini, c. 1616, marbre, 132,4 cm - The Metropolitan Museum of Art, New York

Pour en savoir et en savoir plus : Dionysos / Bacchus, dieu du vin dans la mythologie grecque et romaine >>

Sarcophages de l'Empire romain

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 1/ DIONYSOS ET ARIANE, Sarcophage, Empire romain, 190-200 - The Walters Art Museum, Baltimore, Etats-Unis. 2/ LE TRIOMPHE DE DIONYSOS, Sarcophage, Empire romain, c. 190 - The Walters Art Museum, Baltimore, Etats-Unis

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3/ LE TRIOMPHE DE DIONYSOS ET LES SAISONS, Sarcophage, marbre, c. 260-270 - The Met, New York. 4/ EXTASE DIONYSIAQUE, Sarcophage romain, IIIe siècle, de Pergé, cité antique grecque en Anatolie - Musée Archéologique d'Antalya, Turquie

1. Sculpté en haut-relief, Dionysos s’approche d’Ariane endormie sur l’île de Naxos où Thésée, qu’elle avait sauvé du labyrinthe du Minotaure, l’avait abandonnée. Il est entouré de satyres, de ménades et de multiples figures de la divinité mi-homme, mi-chèvre Pan. A droite, au bord de la mer (indiquée par des vagues et un petit dauphin en contrebas), Ariane est allongée la tête sur les genoux de Thanatos, dieu de la mort. Eros attire Dionysos (panthère à ses pieds) vers la jeune fille, qui sera libérée de son état de mort et l’épousera. Les visages de Dionysos et du satyre à sa gauche ont été détruits.

2. La marche triomphale de Dionysos à travers l’Inde était assimilée dans la pensée romaine au triomphe du défunt sur la mort. À gauche, Dionysos monte dans un char tiré par des panthères. Il est précédé d’une procession de ses disciples et d’animaux exotiques, dont des lions, des éléphants et même une girafe. Un nid d’oiseau est caché dans l’arbre à l’extrême droite; Sur le même arbre, un serpent poursuit un lézard. La plupart des animaux représentés avaient une signification particulière dans le culte de Dionysos

3. La figure centrale est celle de Dionysos assis sur une panthère. Il est quelque peu éclipsé par quatre figures debout plus grandes qui représentent les quatre saisons (de gauche à droite, hiver, printemps, été et automne). Elles sont représentées par de jeunes hommes vigoureux alors qu’habituellement ce sont des femmes. Tout autour, et à plus petite échelle, on découvre d’autres figures bacchiques et des objets cultuels. À l’extrémité gauche, la Terre Mère est représentée allongée sur le sol ; elle est accompagnée d’un satyre et d’un jeune porteur de fruits. À l’extrémité droite, une figure masculine barbue, personnifiant probablement le dieu d’une rivière, s’allonge devant deux jeunes ailés, représentant peut-être deux saisons supplémentaires. Ce sarcophage est un très bel exemple de l'art funéraire romain, affichant toute la virtuosité de l'atelier où il a été sculpté. Le marbre provient d'une carrière dans la Méditerranée orientale et a probablement été envoyé à Rome, où il a été travaillé. Seule une personne très riche et puissante aurait été en mesure de commander et d'acheter un tel sarcophage. Il a probablement été fait pour un membre de l'une des vieilles familles aristocratiques de Rome. Le sujet [le triomphe de Dionysos et les saisons] n'a vraisemblablement pas de signification particulière pour le défunt (source : The Metropolitan Museum of Art, NYC).

4. Cette scène d'extase met en scène satyres et Ménades, compagnons habituels de Bacchus. Les satyres sont des créatures ambivalentes, mi-homme, mi-bouc, qui vivaient en pleine nature. Associés aux Ménades, ils forment le « cortège dionysiaque » qui accompagne Dionysos. Suivantes, elles ne sont pas des prêtresses, mais elles tiennent une place importante dans la religion et le culte. Elles participent aux mystères et fêtes en l’honneur du dieu. Personnifiant les esprits orgiaques de la nature, elles se livrent à des danses frénétiques qui les plongent dans une extase mystique. Les Bacchantes (nom romain des ménades) peuvent se conduire comme des bêtes sauvages et féroces.

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5/ LE TRIOMPHE DE BACCHUS, Sarcophage, marbre de Carrare,début du IIIe siècle, découvert en 1880 sur la colline de Saint-Just (site romain de Lugdunum) - Musée Lugdunum, Lyon

5. "Bacchus et Ariane se tiennent debout sur un char tiré par deux panthères conduit par le dieu Pan (personnage central) ; à l’avant, des prisonniers aux cheveux bouclés, montés sur un éléphant, sont entourés d’autres animaux exotiques (chameaux ou girafes, lion) ; à l’extrême droite, Hercule ivre, soutenu par un satyre, tente de saisir une nymphe. [...] Pourquoi représenter cette scène, qui n’a rien de funéraire, sur un tombeau ? Faut-il voir dans ce cortège une allégorie du voyage dans l’au-delà, ou bien une représentation symbolique du triomphe sur la mort ? Selon Paul Veyne, les belles images reproduites sur les tombes procédaient d’une tranquillisation destinée à réduire l’angoisse suscitée par le passage dans l’au-delà : 'Devant un sarcophage à décor mythologique, quelle est la réaction première de tout spectateur ? De sentir la peur éclipsée derrière du merveilleux, du fabuleux, du voluptueux et de l’humanité charnelle' " (source : Musée Lugdunum, Lyon)

Pour en voir et en savoir plus : Dionysos et ses compagnons, le cortège triomphal >> 

ART SACRÉ AU MOYEN-ÂGE : SCÈNES DE TAILLE DE LA VIGNE ET DE VENDANGES

Foulage de la vendange dans une cuve de bois cerclée, Eglise de Fenioux, XIIème siècle
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Maraudeurs dans la vigne, chapiteau peint, église romane, XIIème siècle - St Pierre de Mozac, Puy-de-Dôme

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Scène de vendange, chapiteau roman, XIIème siècle, provenant de Moutiers-St Jean - Musée du Louvre

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 1/ Foulage de la vendange dans une cuve de bois cerclée, Eglise de Fenioux, XIIème siècle. 2/ Archivolte du portail, calendrier zodiacal, et calendrier des saisons, vendanges, église romane du XIIème siècle de Civray, Poitou. Particularité : une femme, la Vierge, tient la Balance (n'est plus visible). 3/ Chapiteau peint du XIIème siècle, église romane St-Pierre de Mozac, Puy-de-Dôme (pour l'Inrap - Institut national de recherches archéologiques préventives - il s'agit de maraudeurs dans la vigne qui récoltent le raisin qui ne leur appartient pas avant que les vignerons n'interviennent une fois le ban des vendanges levé). 4/ Chapiteau roman du XIIème siècle provenant de l'ancienne église abbatiale bénédictine de Moutiers-St Jean (Côte-d'Or), démolie au XIXème, et conservé au Musée du Louvre.

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1/ Balance et Septembre, calendrier zodiacal, troisième voussure du portail, 1130-1135, Cathédrale Saint-Lazare, Autun. 2/ Zodiaque et travaux des mois, mars, paysan taillant la vigne, tympan central du narthex, 1120-1130, Basilique de Vézelay 3/ Vendanges, médaillon d'une série de médaillons quadrilobés, présentant un calendrier agraire établissant une correspondance verticale entre les signes du zodiaque et les travaux des mois, soubassement gauche du portail Saint-Firmin, 1220-1230, Cathédrale d'Amiens. 4/ Archivolte du portail central de la Basilique Saint Marc à Venise (1235-1245).

ART SACRÉ A L'ÉPOQUE BAROQUE : COLONNES TORSADÉES ET ENLACÉES DE VIGNE

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1/ Retable (détail), 17 m de haut, en bois sculpté, Josep Sunyer (Catalan espagnol), 1699. Saint-Pierre trône au centre de ce retable monumental incarnant la toute puissance de l'Église. Il est entouré à gauche de Saint-Paul, avec l'épée qui l'a décapité, et à droite de Saint André, avec la croix qui fut l'instrument de son martyre. Tous deux et les autres apôtres assistent à son triomphe - Eglise Saint Pierre, Prades (Pyrénées orientales). 2 / Retable (détail) avec colonnes torses recouvertes de sarments, pampres et raisins, José Benito Churriguera, 1665-c. 1725 - Eglise du Couvent San Esteban, Salamanque, Espagne 3/ Retable (détails), c. 1785 - Eglise Notre-Dame de l'Assomption, Cordon, Faucigny (Haute-Savoie)

Les retables sont des panneaux ou des ensemble de panneaux en marbre, pierre, stuc ou bois, généralement peints ou ornés de représentations historiées ou figurées et de motifs décoratifs souvent dorés. Placés verticalement derrière l'autel dans les églises et les chapelles chrétiennes, ils sont largement visibles.

 

Les colonnes torses sont caractéristiques des retables baroques dont elles soulignent la dimension ascendante en accompagnant le regard vers le haut où, tout au sommet, apparaît souvent Dieu le père. Elles sont parfois, comme ici, habillées de grappes de raisin, de branches et de feuilles de vigne, en allusion au corps et au sang du Christ.

2. Le retable du couvent San Esteban à Salamanque, en Castille (Espagne) couvre entièrement l'abside. Il est l'œuvre de José Benito Churriguera, architecte et sculpteur espagnol, qui donna son nom au churrigueresque, style baroque espagnol. Luxuriant et exubérant, il se distingue par une profusion ornementale sans limite.

A LA CROISÉE DES ARTS

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