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Le vin s'invite dans la vie politique et les affaires publiques

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"Concert Féminin au Palais Philarmonique", Francesco Guardi, 1782 - Alte Pinakothek, Munich, Allemagne | Vin et politique | Vie sociale | De boire en savoir-boire | Vin et Peinture | Le Musée Virtuel du Vin

CONCERT FEMININ AU PALAIS PHILARMONIQUE
Francesco Guardi (1712-1793)

1782

Alte Pinakothek, Munich

 

 

Depuis toujours, les vins d’honneur font partie de la vie politique. Dans la mythologie grecque, Ulysse, roi d’Ithaque, offre du vin aux princes chez qui son navire fait escale : dans les banquets du Moyen-Âge, les convives se « portent des santés » en vidant leurs coupes et les bordeaux et les champagnes mousseux trouvent au XVIIIe siècle leur consécration Outre-Manche comme vins d’honneur.

La République de Venise, avant d’être vaincue par Bonaparte en 1797, n’est pas en reste. Son rayonnement est à son apogée, c’est la ville européenne la plus élégante et la plus raffinée de l’époque. Quelques années plus tard, le vénitien Francesco Guardi nous convie à un Concert féminin au Palais Philarmonique.

Le fils de Catherine II de Russie, le tsarévitch Paul  Petrovitch et sa seconde femme Maria Teodorovna sont en visite à Venise. Pendant toute une semaine, ce ne sont, comme à l’habitude, que festivités comme pour exorciser le déclin politique et économique de la Sérénissime. L’une des réceptions organisées en leur honneur, « una magifica festa da ballo », au théâtre philarmonique de S. Benedetto, est animée par le célèbre ensemble orchestral et vocal des orphelines de la Pieta. Des verres de vin sont proposés à l’assemblée : un vin rouge pâle de niebolo, cépage de choix du Piémont ?

Suggestion : Wolfgang Amedeus Mozart, Rondo pour piano et orchestre K. 382 en ré majeur (1782). Œuvre composée la même année que celle peinte par Guardi.

Il était d'usage, au Moyen-Âge, d'offrir aux grands personnages des cadeaux de vins en fûts, par exemple lors de leurs visites dans les abbayes, par exemple à Cluny, mais aussi à la Cour. "Il était bon que l'existence des vignerons sujets du roi de France et la qualité de leurs vins fussent rappelées aux grands seigneurs étrangers qui, de retour dans leur pays, le feraient savoir à leur entourage et à leurs amis. C'est ainsi qu'en 1201, Philippe Auguste, faisant les honneurs de son palais au roi d'Angleterre Jean sans Terre qui était venu le voir à Paris, lui présenta toutes sortes de vins tirés de la provision royale, et lui en offrit libéralement, ainsi qu'aux membres de sa suite... Philippe Auguste y ajouta, pour son hôte royal, des objets d'or et d'argent, de riches tissus, des chevaux de selle et d'autres présents de grand prix" (Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France, des origines au XIXe siècle, CNRS Editions). 

Les banquets et leur représentation étaient également des outils au service de la politique et des affaires publiques. Ils assoient les légitimités et fédèrent les sujets, les amis et les alliés.

DÈS L'ANTIQUITÉ ET AU COURS DES XVe, XVIe et XVIIe SIÈCLES

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1. Scipion, venant de Carthage, fut surpris de rencontrer Hasdrubal à Siga (cité antique, située dans l'actuelle Algérie), à la cour du prince Syphax. Tous deux cherchent une alliance. Syphax propose ses bons offices pour trouver une solution pacifique au conflit qui les opposait et qui devait déboucher sur la deuxième guerre punique. Les textes de l’époque nous disent qu’à défaut de réunir les deux ambassadeurs autour d’une table de négociation, il réussit à les faire asseoir ensemble autour d’un banquet (206 av. J-C.).

2. Marc-Antoine, désormais maître de l’Orient romain, avait convoqué en Cilicie tous les souverains orientaux soumis à Rome. Cléopâtre, dernière reine d’Égypte, arriva à bord d’une somptueuse galère et l’invita à un banquet en son honneur, dans une débauche de luxe pour flatter le goût du faste de Marc Antoine. Déclarant lui offrir le plus riche festin de l’Histoire, elle usa d’un stratagème, raconté par Pline l’Ancien : « le dîner coûterait le prix fixé et seule, elle mangerait les dix millions de sesterces. Elle ordonna d’apporter le second service. Suivant ses instructions, les serviteurs ne placèrent devant elle qu’un vase rempli d’un vinaigre* dont la violente acidité dissout les perles. Elle portait à ses oreilles des bijoux extraordinaires, un chef-d’œuvre de la nature vraiment unique. Alors qu’Antoine se demandait ce qu’elle allait faire, elle détacha l’une des perles, la plongea dans le liquide et lorsqu’elle fut dissoute, l’avala.» (Pline l'Ancien, Historia Naturalis, IX 119-121 ; histoire racontée également par Plutarque et par Plutarque dans sa Vie des hommes illustres). Cléopâtre est ici représentée sous les traits d'une belle Flamande, comme on les aimait à l'époque, c'est-à-dire ronde et joufflue. Le bouffon derrière elle est en train de rire qu'elle se joue du Romain. Celui-ci, en général romain, est représenté avec son casque, visiblement subjugué, le pommeau de son épée symbolisant son attribut viril.

 

* Comme il a souvent été dit, mais très probablement un vin fortement acétifié comme c'était souvent le cas à cette époque.

 

 

4. Tiepolo a choisi de surprendre l'instant où la reine montre la lourde perle nacrée à ses convives fascinés, Marc-Antoine, en costume d'apparat et casque à plumes, et Lucius Plancus, consul romain, transformé ici par le peintre en potentat asiate.

 

5. Il s’agirait d’une copie du XVIIe siècle d’un tableau du XVIe, d’après un original du début du XVe. La scène représente d’élégants seigneurs et dames, tous vêtus de blanc, entourés de leurs serviteurs et de leurs chiens. Ils s’adonnent aux plaisirs de la collation champêtre, de la musique, de la dance et de la chasse. Derrière, une rivière, au milieu de laquelle se dresse un curieux bâtiment sur pilotis. Les armoiries sur les trompettes des musiciens et au-dessus de la porte du bâtiment sont celles de Philippe le Bon (duc de Bourgogne de 1419 à 1467) ou de Charles le Téméraire (de 1467 à 1477), mais les costumes correspondent plutôt à la mode des années 1410-1420. Le paysage pourrait être celui du parc du château de Hesdin en Artois où se trouvait une « Loge sur l’eau », bâtie également sur pilotis sur la Ternoise.

 

 

6a et 6b. La célèbre entrevue du Camp du drap d’or entre Henri VIII et François Ier se déroule en 1520, pendant 18 jours, du 7 au 24 juin, aux confins du royaume de France, dans l’enclave anglaise de Calais. A droite de la toile figure une représentation du palais éphémère dans lequel le roi d’Angleterre a résidé durant l’entrevue. La foule est venue admirer les tentes, assister aux divertissements et profiter des faveurs qui lui sont faites, comme ces deux fontaines proposant gracieusement du vin et de la bière, dont la prise en excès conduit certains à être malades ou à se livrer à des bagarres. Le vin est rouge et provient de Gascogne, via le port de Bordeaux. Environ 12 000 personnes ont assisté au Camp du Drap d'or et toutes ont dû étre prises en charge. De grandes tentes pour la cuisine et des fours à pain ont été installés. Les comptes anglais révèlent qu'il a été consommé au total 200 000 litres de vin et 66 000 litres de bière, dont une partie seulement directement à ces fontaines, et que les approvisionnements comprenaient également 98 000 œufs, plus de 2 000 moutons, 13 cygnes et 3 marsouins (source : Historic Royal Palaces).

 

 

7. Cette œuvre allégorique (détail), relate « post mortem » les étapes marquantes de la vie de Sir Henry Unton, ambassadeur de la reine Elizabeth auprès d’Henri IV. Elle a été commandée par sa veuve. Il préside ici un banquet et festoie en compagnie de ses hôtes. Comme il est de coutume à l’époque, il n’y a aucun verre sur la table : un serviteur placé à l’arrière-plan auprès d’une table où reposent carafes et verres. Il est chargé de faire le service du vin à la demande.

8. Ce banquet princier rassemble trois générations de la maison des Habsbourg : l'empereur Charles Quint (1500-1558), son fils Philippe II (1527-1598) et sa petite-fille l'archiduchesse Isabelle (1566-1633). Si ce banquet ne peut être que fictif, il représente l'autorité souveraine. Tout sert un discours construit autour de la légitimité de la succession de l'Infante.

10. En 1688, Jacques II, roi catholique d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, fut évincé par le parlement lors de la "Glorieuse Révolution" (!) et s’exila en France. Jacques n’a pas pour autant, discrètement, renoncé à ses prétentions au trône et a immédiatement cherché à organiser son retour. C'est ainsi que commença une lutte politique et militaire qui durera près de soixante ans et au cour desquels la dynastie Stuart chercha à récupérer ses royaumes perdus. Tout au long de ces années de lutte en exil, les Stuart ont continué à avoir de nombreux partisans en Angleterre et en Écosse. Les soutenir étant considéré comme une trahison, leurs sympathisants - les Jacobites - ont lancé la pratique de porter des toasts à leur roi « sur l’eau », dans des verres gravés de symboles codés témoignant de leur loyauté. Un verre de vin était tenu au-dessus, portant ainsi littéralement un toast à la santé du roi au-dessus de l’eau rappelant la mer qui le séparait de son royaume légitime. La bague peut faire penser à celle dorée* et émaillée donnée par Jacques II à Sir Peter Halkett la nuit de sa fuite de Londres. Sir Peter était membre d’une famille royaliste de longue date.

 

* Couleur évoquant le roi, incarnation de l’or précieux ou celle du soleil.

11. Titre complet : Le prévôt et les échevins de la ville de Paris délibérant d’une fête en l'honneur du dîner de Louis XIV à l'hôtel de ville après sa guérison en 1689.

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14. Au XVIIe, les bourgeois hollandais du Banquet du corps des officiers de la garde civile de Saint-Adrien de Frans Hals posent pour la postérité, fiers de leur esprit civique et corporatif et d'appartenir à cette "respectable milice de la ville de Haarlem". Il ne s’agit plus de fêtards stéréotypés, mais d’individus identifiés, réunis en un portrait festif autour d’un banquet. Gageons que cette fois-ci il n’y a à boire que du vin choisi, venant peut-être du Val de Loire, objet de la sollicitude des Hollandais : un vieux cépage, l’excellent pineau de la Loire, plus connu aujourd’hui sous le nom de chenin blanc, un vin très doux. Un vin représentatif de leur statut social. Frans Hals saisit avec éclat les types, les gestes, les physionomies et les expression de ces officiers dont les festivités duraient plusieurs jours et étaient controversées à l’époque, si bien que les autorités finirent par les réduire à quatre jours maximum. Cela donne une idée de l’ampleur des ripailles.. et de certains débordements. Ces gardes pouvaient consommer des quantités « gargantuesques » de nourriture et d’alcool.  Les autorités municipales de Harlem, ayant été informées que certains banquets de la milice avaient duré une semaine entière, ont pris en 1621 un arrêté pour limiter ces excès. Considérant que la ville municipalité devait en payer les frais induis et que les temps étaient troublés (l’arrêté a été promulgué après la reprise des hostilités avec l’Espagne), il a été décrété que les célébrations « ne devaient pas durer plus de trois jours, ou tout au plus quatre jours .. »

15. "Juin 1648 : un banquet se tient à la Guilde des arbalétriers d’Amsterdam. L’occasion en est la signature du traité de Münster, qui marqua la fin de la guerre avec l’Espagne. Les capitaines de la compagnie de la garde civile se serrent la main en signe de paix, et une corne à boire passe de main en main. Le poème sur le tambour proclame la joie des milices armées d’Amsterdam de savoir que leurs armes peuvent désormais être enterrées » (source : Rijksmuseum). Naturellement, le vin joue son rôle dans cette célébration.

16. A la même époque, témoin de la vie sociale, et sur le même registre, le vin permet à ce personnage, Le Joyeux buveur, un officier milicien hollandais, d’affirmer son statut, de témoigner publiquement de son sens civique et de sa réussite matérielle : elle lui permet de s’offrir les meilleurs vins servis dans des verres Berkemeyer de bonne facture allemande. Il s’affirme ainsi également comme un homme de goût. Il est important que la bonne société dans laquelle il évolue en soit bien persuadée. Ce portrait a été commandé à Frans Hals pour cela.

17. Frans Hals figurait parmi les membres d'une chambre de rhétorique de Haarlem. Ces sociétés littéraires étaient organisées sur le modèle des guildes avec pour objectif initial de rendre à l'art une fonction dans la vie publique. Aux Pays-Bas, depuis le XVe siècle, la littérature des rhétoriciens était produite par des citoyens et des artisans, réunis dans ces sociétés d’amateurs. Les chambres organisaient régulièrement des concours littéraires et participaient activement aux festivités locales comme dans cette Fête de la chambre de rhétorique près d'une porte de la ville. Jan Steen nous y donne une idée de l'éloquence.. et de l'ébriété. Il était d'ailleurs de "bon ton" dans certains milieux de dénoncer le penchant pour l'alcool des rhétoriciens.

DU XVIIIe au XXIe SIÈCLE

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2. Alors que l’heure de la Révolution française n’a pas encore sonné, les Anglais sont depuis longtemps appelés à élire leurs représentants au Parlement.  Dans la Fête électorale dépeinte par William Hogarth, les whigs (libéraux) donnent un banquet tandis qu'à l'extérieur se déroule la parade des tories (conservateurs). Autour de la table, les distinctions sociales s'effacent. Ou plutôt semblent s’effacer. Tous sont fortement ivres. le dîner de campagne s'est transformé en émeute. A gauche, un candidat du parti whig cherche à obtenir les faveurs d'une vieille femme ; un second candidat, juste derrière lui, est bien contre son gré embrassé par plusieurs ivrognes. À l'autre bout de la table, le maire de la ville s'effondre après s'être gavé d'huîtres. La scène est même violente : à droite, des responsables tentent de barricader la porte contre une foule d'électeurs tories massés à l'extérieur, et le secrétaire du parti, comptant les votes, est frappé à la tête par une brique lancée de l'extérieur par la fenêtre. Par dessus tout, le portrait du roi a été lacéré!

 

3. Le Banquet au Casino Nani sur l'île de la Giudecca à Venise est donné en l’honneur de Clément-Auguste, duc de Bavière, Prince-Electeur archevêque de Cologne, le 9 septembre 1755.

4. La scène a lieu dans la grande salle du palais épiscopal du Tau à Reims, le 25 octobre 1722. Elle représente le "festin du sacre", banquet donné suite au couronnement de Louis XV alors qu'il n'a que douze ans. Il est assis au premier plan, le visage tourné vers le spectateur. Il mange seul, entouré de dignitaires. Sa table, installée sur une estrade et placée sous un dais, domine le reste de l’assemblée. Une file de valets l’approche, passant entre  les quatre autres tables où se tient le reste des convives. Des aristocrates assistent au banquet à la périphérie de la pièce ou depuis un balcon. On constate que le peintre s’est attaché à fidèlement reproduire la salle, y compris en incluant les peintures accrochées aux murs. Le jeune roi est séparé des autres convives répartis en quatre tables selon une répartition précise : viennent en premier les pairs laïcs et ecclésiastiques, puis, dans le fond de la pièce, les « honneurs » (membres de la Maison du Roi, chevaliers du Saint-Esprit, etc.) et les membres de la diplomatie. Si ces tables sont servies par des notables locaux vêtus de noir, le roi était servi en grande pompe par un cortège d’une vingtaine de serviteurs et de dignitaires précédés de musiciens. Le service à la française impose que soient installés sur les tables de multiples plats copieusement fournis ; chaque invité s’y sert à loisir et les restes, importants et présentables, sont servis, à l’hôtel de ville, aux grands officiers, aux différents acteurs du Sacre, aux notables locaux. Les mets sont ici absents puisque nous sommes entre deux services.

7. A la veille de leur exécution, le 31 octobre 1793, les vingt Girondins ont pris un dernier repas simple, accordé à tous les condamnés à mort.

 

9. Après la cérémonie religieuse du mariage de Napoléon Ier et de Marie-Louise et la parade de la garde, a lieu le grand couvert, repas que le souverain prend en public avec sa famille aux Tuileries. Assis au centre, Napoléon invite de la main Marie-Louise à se servir. Les membres de la famille impériale sont placés suivant leur rang sur des tabourets de part et d’autre du couple impérial. La table est dressée avec le grand vermeil et le surtout du service de l’Empereur composé de pièces réalisées d’après l’antique en biscuit de porcelaine blanche de Sèvres. Des carafes d’eau et de vin sont disposées devant les convives qui se font servir tandis que les plats leur sont apportés après découpe. Ce banquet ne dura pas plus d'une vingtaine de minutes. Ce banquet dura une vingtaine de minutes. Selon l’officier Coignet, spectateur du grand couvert, « on ne soufflait pas mot. Il ne fut permis de parler que lorsque le souverain maître adressa la parole à son voisin. Si c’est imposant, ça n’est pas gai » (source : Histoire par l'image).

 

10. Le 8 juin de chaque année, le duc de Wellington conviait à un banquet tous les officiers qui avaient participé avec lui à la bataille de Waterloo et à qui il s'adressait. Cette célébration de la victoire avait lieu dans la « Galerie de Waterloo », aménagée à l’intérieur de sa maison "Apsley House", près de Hyde Park Corner, à Londres.

12. Banquet à l'occasion du mariage de Léopold 1er de Belgique et de la princesse Louise d'Orléans, flle aînée de Louis-Philippe. Le mariage proprement dit a été célébré dans la chapelle du château de Compiègne.

 

14. La visite officielle de la reine Victoria à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855, scella le rétablissement des relations entre la France et l’Angleterre. Le programme du séjour de Victoria, du prince Albert et de leurs enfants, fut établi par Napoléon  III lui-même. Les monarques alternèrent visites de musées et de monuments, réceptions et cérémonies officielles et se rendirent par trois fois à l’Exposition universelle*. Enthousiasmée par la beauté de la capitale, la souveraine fut également impressionnée par le faste qui prévalait à la cour impériale et notamment lors du souper organisé dans la salle de l’Opéra au château de Versailles le 25 août, auquel elle assista depuis la loge impériale : « Le spectacle était vraiment magnifique », écrivit Victoria, « la scène entière était couverte, et quatre cents personnes avaient pris place à quarante petites tables de dix couverts, chacune présidée par une dame de qualité et habilement composée – selon la volonté de l’Impératrice. Tout était magnifiquement éclairé par d’innombrables lustres et décoré de guirlande de fleurs. […] C’est l’une des scènes les plus belles et les plus majestueuses auxquelles nous ayons jamais assisté ». Le souper fut précédé par un feu d’artifice et par un bal dans la Galerie des Glaces.

15. La fête impériale ne cesse de jeter ses feux tout au long du règne de Napoléon III. Les réceptions se succèdent dans des lieux somptueux au décor raffiné, telles les salles redécorées du Louvre ou des Tuileries. Chaque visite protocolaire justifie des réceptions auxquelles se presse une élite internationale et élégante. Elles sont pour Napoléon III un moyen efficace de séduire et de contrôler les élites traditionnelles, qui a priori lui étaient hostiles.

* Celle dite de 1855, bien connue des amateurs de grands vins de Bordeaux. Tout comme son nom l’indique, le classement de 1855 fut établi cette année-là, suite à la demande de Napoléon III, pour l’exposition universelle de Paris. Le but de cette exposition était de rassembler tous les produits qui faisaient  la fierté de la France. Ainsi Napoléon III fit la demande à la Chambre de Commerce de Bordeaux, qui l'a retransmise à la Chambre syndicale des courtiers en vins de Gironde, d'établir une classification officielle des vins de Bordeaux afin de faciliter les transactions commerciales. Les courtiers établirent un classement en fonction du prix (le cru classé étant le plus cher...), associé naturellement à la réputation du cru. Tous les rouges venaient de la région du Médoc sauf le Château Haut-Brion produit dans les Graves. Les blancs furent limités aux Sauternes et Barsac liquoreux. Deux particularités sont à souligner : ce classement n'a jamais été modifié et s'applique à des propriétés dont aujourd'hui, 160 ans après, le périmètre, l'encépagement et les conditions de culture ne sont pas, le plus souvent, les mêmes).

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1. Le soutien d'un prince aux artistes. Cette scène dans une taverne face au mont Aventin illustre un aspect de la vie des artistes allemands à Rome. Le prince héritier Louis de Bavière était un mécène des arts, et ici nous le voyons assis avec les artistes, interpellant le propriétaire. Voici ce qu'écrivait le peintre Catel en 1824 : « J’ai récemment terminé un petit tableau de Bamboccia pour le prince héritier de Bavière. Son Altesse Royale a gracieusement organisé un petit dîner chez Don Raffaele sur la Ripa Grande pour faire ses adieux à von Klenze, et il m’a demandé d’immortaliser la scène avec mon pinceau.‎" Catel a énumère les hommes qu’il a dépeints : le prince héritier (faisant signe au propriétaire), à côté de lui Berthel Thorvaldsen, l’architecte Leo van Klenze, Johann Martin Wagner, qui était à Rome pour acheter des figures antiques pour la collection du Prince à Munich, puis Philipp Veit, Julius Schnorr von Carolsfeld et Catel lui-même.

 

 

2. Allons sur le terrain, aux Etats-Unis, probablement à Baltimore (dans le Maryland), où Richard Caton Woodville, qui a juste 23 ans, est né et où vivait sa famille. Nous assistons à une discussion politique intergénérationnelle. Nous sommes en 1848 : la ‎‎Convention nationale démocrate, ‎‎convention de nomination présidentielle, vient de s'y tenir‎‎ fin mai. Elle a été organisée pour nommer les candidats ‎‎du Parti démocrate‎‎ à la ‎‎présidence‎‎ et à la ‎‎vice-présidence‎‎ lors de l’élection de ‎‎la même année. La convention a choisi le sénateur ‎‎Lewis Cass‎‎ du Michigan comme président et l’ancien représentant ‎‎William O. Butler‎‎ du Kentucky comme vice-président. ‎Ce "ticket" démocrate sera battu aux élections par le ticket ‎‎whig‎‎ (droite libérale) de ‎‎Zachary Taylor‎‎ et ‎‎Millard Fillmore‎‎. De quoi alimenter cette discussion‎ ! A-t-elle lieu avant la Convention, avant l'élection présidentielle, ou bien après ? Quoiqu'il en soit, le plus âgé des deux protagonistes semble peu engagé et plutôt sceptique, sinon désabusé.

 

3. Johann Caspar Bosshardt est un Suisse allemand, originaire du Canton de Zurich, à domination protestante. S'il a résidé les trente dernières année de sa vie en Allemagne, il allait très souvent en Suisse. Il dénonce ici l'engagement temporel des religieux catholiques. Le jeune jésuite y est désigné comme le bras séculier de l'Eglise catholique. Peinte en pleine Kulturkampf*, l'œuvre Politique au monastère a été considérée à l'époque comme un manifeste violemment anti-romain. En 1872, la congrétation allemande des Jésuites a été dissoute en Allemagne. Et un an avant cette peinture, le 24 décembre 1875, le mariage civil a été déclaré obligatoire en Suisse après qu'il l'ait été en Allemagne la même année. Visiblement, le prêtre et les deux moines en discutent encore, à l'abri des regards, dans le cellier d'un monastère. Il est vrai qu'avec cette loi, la déclaration du mariage auprès d'un officier de l'administration est devenue la seule procédure pour que le mariage soit considéré comme légal et donc valide. Parallèlement, la loi a réduit le mariage religieux à une cérémonie privée, non obligatoire (la législation adoptée en Allemagne dans le cadre du Kulturkampf précède de quelques années les mesures de laïcisation appliquées en France, notamment les mesures concernant la laïcisation de l’école, NDLR).

 

4. Un soldat français, déguisé en paysan, a été capturé lors d’une tentative de passage des lignes allemandes entourant la ville française de Metz. Il savait que lorsque les officiers allemands auraient terminé leurs recherches et leur interrogatoire, il serait fusillé. Metz capitula après un siège de cinquante-quatre jours, et après la guerre, la ville fut cédée aux Allemands. Le tableau actuel, vantant le courage et la bravoure du Français capturé, est un exemple des nombreux tableaux aux thèmes patriotiques et nationalistes qui sont apparus dans les Salons au cours des années soixante-dix et quatre-vingt. 

 

 

5. Emile Friant est assis dans une auberge sur les bords de la Meurthe et écoute ces quatre ouvriers attablés autour d’un verre de vin, qui discutent et s’opposent. Ça parle politique et plus précisément de la campagne électorale de 1889 où s’affrontent le général Boulanger et Maurice Barrès. Ce ne sont pas les sujets qui manquent, c’est une année riche en évènements: citons le scandale de la compagnie du canal de Panama, les souscripteurs perdent leurs versements et sont ruinés ; la journée du 1er mai est choisie, par les groupes syndicaux de travailleurs, comme symbole de la lutte des travailleurs d'Europe et d'Amérique à la suite des manifestations sanglantes américaines des 1er mai 1886 et 1887 ; une nouvelle loi sur la nationalité renoue avec le droit du sol, après près d'un siècle d'interruption : elle attribue la nationalité française à tous les individus nés en France, sauf s’ils la refusent dans l’année qui suit leur majorité.

Lutte menée par Bismarck en Allemagne contre les catholiques (1871-1878). Destinée à rompre les liens entre Rome et l'Église d'Allemagne et à placer celle-ci sous la tutelle de l'État, la politique religieuse de Bismarck prit en 1873 le nom de Kulturkampf (« combat pour la civilisation »), c'est-à-dire combat contre l'Église catholique considérée comme archaïque, rétrograde et favorable aux particularismes. Falk, protestant rigide nommé en 1872 au ministère des Cultes, adopta une législation sévère : loi sur les Jésuites dissolvant leur congrégation, lois de mai imposant l'inspection de l'État à tous les établissements voués à la formation aux fonctions ecclésiastiques et le contrôle des nominations, et lois instaurant le mariage civil (1874-1875). Les opposants, soutenus par Pie IX, furent durement frappés. Mais, après l'avènement de Léon XIII en 1878, Bismarck, qui avait besoin de l'appui du Centre, désavoua Falk (1879) et fit adopter les lois de paix (1880-1887), qui abrogèrent l'essentiel des mesures prises contre l'Église catholique.

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L’art et la politique ont toujours entretenu une relation étroite. Certains artistes n'hésitent pas à utiliser leur travail pour exprimer leurs opinions politiques et promouvoir le changement social.

1 et 2. Diego Rivera est un peintre mexicain. Bien qu'il ait tout au long de sa vie pratiqué la peinture de chevalet, il est mondialement connu pour ses peintures murales, réalisées au Mexique, principalement à Mexico - comme ici dans le cadre d'une commande du gouvernement post-révolutionnaire -, et aux Etats-Unis. Ces peintures sont indissociables de ses convictions politiques. 

 

3. Peng Wan Ts, d'origine taïwanaise installé à Paris, se tient toujours à la lisière de la critique sociale et politique.

PORTRAIT D'UN ÉCHANSON GOÛTEUR DE VIN ACHETÉ PAR UN DICTATEUR PERSUADÉ QUE L'ON VOULAIT L'EMPOISONNER

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PORTRAIT D'UN ECHANSON

Joos van Cleve (attribué à), 1510
Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, Bruxelles

 

Un échanson était un officier chargé de servir à boire à un roi, un prince ou à tout autre personnage de haut rang. L'échanson devait en particulier veiller à écarter tout risque d'empoisonnement et parfois même goûter le vin avant de le servir. En raison de la crainte permanente d'intrigues et de complots, la charge revenait à une personne en qui le souverain plaçait une confiance totale. Ses relations confidentielles avec le roi lui donnaient souvent une position de grande influence qu'il utilisait pour se rendre indispensable. Camillo dans Le Conte d’hiver de Shakespeare est l’échanson de Léonte, roi de Sicile, et de Polixène, roi de Bohême. Lorsque Léonte est convaincu de l’infidélité de sa femme Hermione avec Polixène, il supplie Camillo d’utiliser sa position privilégiée d’échanson pour empoisonner Polixène !

 

Ce tableau a fait l'objet, en 1941, d'une "vente forcée" en 1941, via un intermédiaire, à Adolphe Hitler pour la collection Linz. Le chancelier était végétarien, avec "uniquement des produits frais, des asperges aux petits pois en passant par des poivrons, du riz, mais aussi des salades” et ne buvait pas d'alcool. Cela tournait à l'obsession. Par ailleurs, une douzaine de jeunes femmes étaient contraintes de "goûter" la nourriture destinée au Führer, totalement persuadé que l'on voulait l'empoisonner. Ce portrait aurait pu le conforter dans les mesures prises pour le protéger. L'évolution de la guerre a nécessité son dépôt dans les salines d'Alt-Aussee. Il sera retrouvé en 1945 par la division américaine Monuments, Fine Arts & Archives, il sera restitué à la Belgique, et cédé en 1951 aux Musées royaux des Beaux-Arts.

LES APPARENCES PEUVENT ÊTRE TROMPEUSES

Giuseppe Arcimboldo, Automne, Musée du Louvre

D’origine milanaise, Giuseppe Arcimboldo s’installe dès 1562 à Vienne, au service de l’empereur Ferdinand Ier de Habsbourg (1503-1564), puis de son fils Maximilien II (1527-1576), pour lesquels il assume la fonction de portraitiste de cour. S’il peint plusieurs membres de la famille impériale, il doit rapidement sa célébrité à des séries de têtes composées représentant les Saisons, les Eléments, des métiers et des personnalités de l’époque. Chaque tableau consiste en un assemblage de végétaux, d’animaux ou d’objets divers qui forment astucieusement un buste et une tête, et qui doit permettre de reconnaître l’identité du sujet. Les quatre saisons d'Arcimboldo sont des allégories politiques qui au-delà du divertissement sont porteuses de messages à la gloire du souverain, l'empereur Maximilien II. 

L'Automne (1573, Musée du Louvre, Paris) est le temps des vendanges, sa chevelure est faite de grappes de raisins, de feuilles de vigne et d'une citrouille. Son œil est une prunelle surmontée d'un épi de blé, son nez une poire, sa bouche une châtaigne éclose, l'oreille est un champignon orné d'une figue trop mûre. Le vêtement est une barrique disjointe tenue par un lien, comme Maximilien tient ensemble son empire aux peuples divers. Les deux olives vertes sont un symbole de paix.

L'Automne est un homme mûr peint sous les traits de Bacchus, dieu du vin. Comme tous les buveurs, il a le vin joyeux et parfois le vin mauvais. Il pousse l'homme à donner le meilleur de lui-même ou le pire. Suivi d'une cohorte de ménades et de satyres, il parcourt la campagne et aide l'homme à oublier ses misères, comme l'Empereur qui parcourt ses terres, dirigeant et soutenant son peuple, accompagné de sa cour.

(Source : Catalogue de l'exposition "Arcimboldo" au Musée du Luxembourg, 2007/2008)

LES BIENFAITS DE LA PAIX, SOURCE DE PROSPÉRITÉ ET DE DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES ET DES ARTS LIBÉRAUX

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 ALLEGORIE DE LA PAIX, DE L'ART ET DE L'ABONDANCE
Hans von Aachen, 1602

Musée de l'Ermitage, St Pétersbourg, Russie

Les trois figures féminines incarnent la paix (avec un rameau d’olivier), la science et les arts libéraux* (avec une sphère et une palette) et l’abondance (avec une coupe de vin et une corne d’abondance). Le sujet était destiné à vanter symboliquement les politiques pacifiques de l’empereur romain germanique Rodolphe II à Prague qui ont conduit à la prospérité et à l’épanouissement du savoir et des arts.

* Les arts libéraux remontent à l'Antiquité et désignent les disciplines intellectuelles jugées fondamentales dans la formation de la pensée de l'individu : grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, musique, astronomie et géométrie, qui devaient constituer le socle de l’éducation intellectuelle.

UN MESSAGE POLITIQUE SOUS-JACENT

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LE CONCERT
Gerrit van Honthorst, 1623

National Gallery of Art, Washington

 

Ce tableau aurait été un cadeau dipomatique du roi exilé de Bohême, Frédéric V, qui avait déménagé à La Haye avec sa femme, Elizabeth Stuart, après que ses troupes protestantes aient été vaincues par les forces catholiques. Ils y collectionnaient activement les œuvres d’art et menaient un style de vie somptueux avec des fonds partiellement fournis par le prince d’Orange. Honthorst, dont ils étaient de grands admirateurs, était attaché à leur cour. Ils lui auraient commandé ce tableau pour l'offrir au prince d’Orange en remerciement de son soutien financier. Le Concert était bien plus qu’un élément décoratif dans un cadre courtois. Il avait également un message politique sous-jacent. L’harmonie dans la société existe, comme dans la musique, lorsque les conseils de son chef sont suivis (source : NGA, Washington).

 

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LA REINE ALIÉNOR, UNE EMPOISONNEUSE ?

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Frederick Sandys nous dépeint de façon énigmatique La Reine Aliénor devenue reine d'Angleterre suite à son mariage avec le futur Henri II (1858 - Musée national de Cardiff, Pays de Galles). La première interpétation pourrait être celle d'une dégustation de vin, mais plusieurs détails nous font en douter : Aliénor semble préoccupée, voire déterminée, et pourquoi la scène a-t-elle lieu dans les bois, au milieu de haies ? En fait, l'artiste reprend une légende noire qui a longtemps couru : celle faisant d'Aliénor la meurtrière de Rosamund Clifford, la maîtresse préférée de son mari (de trente ans plus jeune qu'elle), lui laissant, avant de l'assassiner, le choix entre la coupe de vin empoisonné et la dague. Ce qui peut expliquer sa physionomie. Mais pourquoi dans les bois ? L’histoire traditionnelle raconte que pour cacher à Aliénor sa liaison illicite, Henri II a mis à l'abri son aimée Rosamund dans une maison qu’il a fait construire pour elle à Blenheim Park (Woodstock, Oxfordshire) habilement cachée au centre d’un labyrinthe de haies. Aliénor a été incapable d'y trouver son chemin et de découvrir ce qui s'y cachait. Mais, un jour, le roi accroche accidentellement un de ses vêtements en quittant le labyrinthe et y laisse sans le savoir un bout d'étoffe. Connaissant alors l'entrée du labyrinthe, Aliénor finira par y découvrir en son centre Rosamund dans sa maison. Elle la force alors à choisir entre le poison et la lame. 

Etait-ce plausible ? En 1173, Aliénor trame le complot qui soulève ses fils Richard, Geoffroy et Henri le Jeune contre leur père, Henri II. Cette révolte est soutenue par Louis VII, le roi d'Écosse Guillaume Ier, ainsi que les plus puissants barons anglais. Elle espère reprendre le pouvoir à Henri II et tente de rejoindre la cour de Louis VII à Paris mais est arrêtée lors du voyage par les soldats de son mari. Elle est emprisonnée pendant presque seize années, d'abord à Chinon, puis à Salisbury, et dans divers autres châteaux d'Angleterre. Elle n'a donc pas pu être à l'origine de la mort de Rosamund qui est décédée en 1176, alors qu'elle était séquestrée à Winchester !

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Compagnon des Muses, le vin est à la croisée des arts, que ce soit, par exemple, la littérature, la musique, les arts décoratifs ou les arts plastiques. Dans tous les cas, le vin est un témoin irremplaçable de notre histoire sociale et culturelle. Si à ce jour, le Musée Virtuel du Vin est principalement consacré à la peinture, quelques exemples puisés dans d’autres formes artistiques nous permettent également de l’illustrer, de "le voir". Ces quelques exemples traitent du même thème que cette galerie de peinture : Fête donnée à Louveciennes, le 2 Septembre 1771 en l'honneur du Roi ; Louis XVI avoir mis le bonnet rouge, journée du 20 juin 1792, le Roi boit à la santé de la Nation ; Banquet des officiers de la marine Russe, dans la salle des fêtes à l'Hôtel de Ville, Fêtes Franco-Russes à Paris, le 19 octobre 1893 ; Banquet des maires de France à Paris en 1900, 22.500 couverts.

 

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