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Les documents photographiques sont autant de témoignages

LE TRANSPORT DU VIN

LA CRISE VITICOLE DE 1907

LE PINARD DES POILUS

La surproduction chronique de vin au début du XXe siècle allait être absorbée par les « poilus » de la Grande Guerre. Le conflit commença le 3 août 1914 et, avant la fin du mois, les viticulteurs du Midi offrirent 200 000 hectolitres pour les soldats partis au front. Le vin consommé par les poilus a servi à soutenir leur moral, dans leur lutte contre la peur. Il leur donnait du cœur à l'ouvrage. Pour Christophe Lucand, « il a fallu très vite faire en sorte que les hommes tiennent. L’état-major était hanté par les défaites précédentes, celle de 1870 et tous les désastres qui s’en sont ensuivis. Il avait peur de voir le front se disloquer ». Si le « pinard » a été associé le plus souvent aux « poilus » de la Première Guerre mondiale, il fut en fait servi bien avant dans plusieurs régiments du nord-est. Les troupes coloniales et la Marine nationale en avaient également l’usage depuis au moins 1905. C’est ainsi que le pinard sera, comme illustré ici, distribué à la brigade des fusiliers marins qui venaient d’essuyer de très lourdes pertes fin 2014 sur le front Nieuport-Dixmude. Eux aussi devaient tenir !

LA PROHIBITION

Peu consommé au XIXe siècle aux États-Unis, le vin y a vu son usage se développer avec la création, entre 1860 et 1880, du vignoble californien. Mais après le phylloxera, l'avènement de la Prohibition porte un nouveau coup rude au secteur vinicole américain. En Californie (photo de gauche), elle interdira toute production, transport, importation et exportation de vin de 1920 à 1933, l'assimilant aux alcools durs. La plupart des viticulteurs arrachent leurs pieds de vigne et plantent à leur place des arbres fruitiers : pommes, prunes, poires et noix remplacent progressivement la viticulture. Quelques vignes sont conservées, affectées - du moins officiellement - à la production de vin destiné à la consommation familiale (200 gallons par an et par foyer), restant autorisée par la loi. Beaulieu Vineyard, dans la vallée de Napa, prospère en obtenant une dérogation lui permettant de produire du vin de messe. D'autres exploitations, comme celle de la famille Mondavi, survivent en produisant des kits destinés au public pour la production domestique de vin de table, restée légale. Paradoxalement, toutes ces dispositions ont pour effet d'augmenter la consommation de vin. Phénomène sans lendemain : la consommation chuta brutalement après le vote du XXIe amendement, lorsque les Américains purent se tourner de nouveau vers la bière et les alcools forts. En France, à Bercy et à la Halle aux Vins, les marchands de vin fêtent l'abolition de la Prohibition (photo de droite). Il faudra attendre les années 1960 pour que se développe aux États-Unis la consommation de vins de qualité médiocre, puis les années 1980 pour que le goût des vins de qualité se développe enfin, faisant baisser du même coup la consommation d’alcools forts. Cette tendance est aujourd’hui bien ancrée, et le vin a enfin conquis ses lettres de noblesse dans la vie économique comme dans la vie sociale américaines.

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