top of page

Le vin participe au plaisir des fêtes et de la vie en société

"Le Combat de Carnaval et Carême", Pieter Brueghel l'Ancien, 1559 - Kunsthistorisches Museum, Vienne | Fêtes et vie en société | Vie sociale | De boire en savoir-boire | Vin et Peinture | Le Musée Virtuel du Vin

LE COMBAT DE CARNAVAL ET CARÊME

Pieter Brueghel l'Ancien (c. 1525-1569) 

1559

Kunsthistorisches Museum, Vienne

 

 

Pieter Brueghel l'Ancien est considéré comme le plus grand des peintres de « genre » du XVIe siècle flamand. S’il est surtout connu pour ses scènes de la vie paysanne, c’est un fin observateur de la vie truculente et du folklore populaires. Il réinvestit le folklore visionnaire de Jérôme Bosch.
 
Son Combat de Carnaval et de Carême symbolise le passage des jours gras à la période de Carême. Cette scène de mœurs paysanne oppose dans un combat parodique ceux qui fêtent (encore) le carnaval et ceux qui font (déjà) carême. Les premiers sont menés par Carnaval, homme gros et gras assis sur un tonneau, tandis qu’à droite une femme malingre incarne Carême.

La fête est ici un des moyens de représentation de la comédie humaine. Chaque figure y rappelle dans sa précision colorée l’art de la miniature qu’il associe à une représentation globale monumentale. « C’est le combat de deux organisations culturelles et idéologiques antagonistes : la Fête, pour rendre à tous le malheur tolérable, par la désignation dérisoire d’un dieu à sacrifier ; l’Austérité, pour faire supporter, par la promesse de l’éternité, l’aliénation du quotidien. Breughel met en scène ce conflit dans un espace vivant : bruits naturels, bruits du jeu et du travail, musiques, rires, plaintes, murmures. » (J. Attali, Bruits, PUF, 1977).

XVe, XVIe et XVIIe SIÈCLES

> Découvrez les oeuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

1. La Danse de l’œuf de Pieter Aertsen est un divertissement traditionnel chez les paysans hollandais de l’époque. Le peintre exploite et dénonce le rapport de l’Homme avec les denrées et les plaisirs terrestres. Les aliments sont jetés au sol et piétinés au cours de réjouissances profanes : le danseur doit éviter les fleurs répandues sur le carrelage en laissant l'œuf intact. Une tâche rendue difficile par l'emprise de l'alcool... L'approche moralisante préfigure la peinture hollandaise du Siècle d'Or.

2. Le Vin à la fête de la Saint Martin de Peter Bruegel l'Ancien, découvert en 2010 seulement, représente une scène villageoise (le 11 novembre) au cours de laquelle on boit le vin nouveau. Cette œuvre porte ainsi à quarante et une le nombre de toiles connues du peintre flamand dans le monde. Le saint est ce noble cavalier monté sur un cheval blanc, dans l'angle inférieur droit de la toile, qui a sorti son épée afin de couper une partie de son manteau pourpre pour la donner à un mendiant afin qu'il cache sa nudité et se réchauffe. Bruegel associant cette pieuse générosité du jeune soldat à une scène de beuverie campagnarde. Les détails scabreux prolifèrent. On se presse autour de la barrique écarlate pour remplir un pot ou une tasse, hommes et femmes mêlés, sans distinction de sexe ni d'âge. On se pousse, on s'empoigne. Les visages indiquent, selon les cas, la concupiscence, la colère ou l'intempérance, autant de péchés capitaux. Le tableau est décrit par le Prado comme "une sorte de tour de Babel composée de buveurs de vin", La toile est donc construite sur l'opposition entre le geste admirable du saint et l'ignominie des buveuses et des buveurs. Le premier ne fait que rendre la seconde plus misérable. Le Vin à la fête de Saint Martin fonctionne lui aussi à la manière d'une leçon de morale et d'un rappel aux vertus élémentaires.

> Découvrez les oeuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

1 à 4. Dans les cercles "moins élevés" de la société, tout est prétexte pour oublier la dureté de la vie quotidienne. C’est l’une des raisons d’être des nombreuses fêtes plus ou moins religieuses, qui remplaçaient alors avantageusement les congés payés d’aujourd’hui. Une de celles les plus fréquemment mises en scène par les peintres est l’Epiphanie, plus communément connue sous le nom de Fête des Rois, cette fête rappelant la présentation de Jésus enfant aux Rois Mages. Elle était très populaire et a longtemps été considérée plus importante que Noël. Si la fête était religieuse, la galette des rois est devenue une tradition familiale qui donnait lieu à réjouissances et à force vins, que ce soit avec Le Roi boit de Jacob Jordaens, ou La Fête des rois du même artiste ou celle de Gabriel Metsu, toutes les deux au titre moins profane.

5. Dans ses nombreux tableaux décrivant des scènes courantes de la vie familiale, Steen aimait faire appel à la morale, s'appuyant pour cela sur l’Écriture, les vieux proverbes, les aphorismes et les emblèmes. Cette fois-ci le roi est un jeune garçon que le sort (aidé ?) a désigné. Une vieille femme l’aide à vider son verre. La femme avachie sur sa chaise semble déjà bien éméchée. Elle porte un corsage laissant voir la naissance de sa poitrine. Son air malicieux témoignerait-il d’une libération récente de sa condition d’épouse fidèle ? L’oiseau qu'elle a libéré en ouvrant sa cage le porterait à croire. Même vide, celle-ci lui rappelle comment elle devrait se conduire. La cage à oiseau est un symbole de la captivité en amour bien connu des peintres hollandais : par exemple, quelques années plutôt, Vermeer avec La Leçon de musique interrompue.

6. Dans Comme les vieux chantent, les enfants piaillent de Steen, l'ambiance de cette réunion de famille est également festive : on fait de la musique, on boit, on fume, on rit, on crie… Cette fois-ci la cage enferme deux oiseaux. La jeune femme tend son verre pour qu'il soit à nouveau rempli. Le vin pétille et une cruche traîne par terre. Sur la droite, le père (Steen lui-même) s'amuse à apprendre à son jeune fils à fumer la pipe. Le chant lisible sur le papier que tient la vieille femme est tiré d'un vieux proverbe flamand qui stigmatise l’exemple désastreux, sinon vicieux, que les adultes donnent aux jeunes.

7. Toujours de Jan Steen, la Noce paysanne nous plonge dans ces scènes de la vie rurale où toute occasion est bonne pour faire bombance… et la noce ! Tout le village participe à la fête.

8. Tous les tableaux de Jan Steen ne relèvent pas de la paillardise sinon de la luxure ! Le message est ici beaucoup plus sobre. Dans cette kermesse villageoise, deux jeunes musiciens jouent pour un couple dansant, tandis que sous la tonnelle recouverte de vigne d'autres personnages flirtent, mangent, boivent du vin ou fument, et que des enfants s'amusent. Malgré l'apparente frivolité de la scène, Steen utilise des références emblématiques comme des fleurs coupées, des coquilles d'œuf cassées et des bulles de savon pour rappeler au spectateur combien sont fugaces les plaisirs terrestres et que nous devrions nous attacher à des valeurs plus durables, symbolisées par l'église en arrière-plan.

 

 

9. Dans Garden Party, nous assistons cette fois-ci aux divertissements de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie, jouant de la musique et festoyant. Jan Steen y installe ses personnages dans des jardins et y glisse une allégorie des cinq sens et fait du spectateur l’incarnation de la Vue. La représentation de cette réunion élégante et joyeuse nous invite à un festin silencieux, dresse des tables ornées de pièces d’orfèvreries autour desquelles il dispose des personnages plutôt sages, dont certaines silhouettes de dos, couronnées d’une plume et vêtues d’un manteau plissé ne manquent pas de piquant. Vin, musique et galanterie sont de la partie et font bon ménage.

 

10. Dans son Intérieur de cuisine, David Teniers le Jeune nous montre l'envers du décor. Un magnifique "pie" au cygne couronné préparé par le personnel de cuisine attire l'œil tandis que des bonbonnes de vin attendent.

11. Née à l’époque médiévale à l’initiative de la corporation des bouchers, la fête du bœuf gras se déroulait pendant le carnaval de Paris, durant les « jours gras », période faste qui voit le carnaval renaître une dernière fois avant le temps du Carême. Un bœuf (ou un taureau gras) défilait sous la conduite de garçons bouchers accompagnés d'un maître à danser, ici un jeune homme qui marque la cadence de la procession en jouant de la pochette (un violon miniature avec un long manche). Dans d'autres cortèges, c'est au son d'une vielle à roue. On tuait le bœuf le mardi gras avant que les privations du Carême ne commencent, le jour suivant, le mercredi des Cendres. La Révolution met fin à cette coutume très populaire : sujette à suspicion comme toutes les réjouissances du carnaval, la fête est supprimée en 1790, au nom du maintien de l’ordre public.

12.  Velázquez a peint ce tableau de Bacchus entouré de huit buveurs pour Philippe IV qui l'a accroché dans sa chambre d'été. Cette œuvre n'est pas seulement unique dans son genre, mais aussi dans la peinture espagnole qui comporte très peu de ces beuveries si fréquentes dans la peinture flamande et hollandaise. L'ivresse était considérée en Espagne comme un vice méprisable. Se faire traité de "borracho" (ivrogne) était la pire des injures. Cette œuvre met en scène des vendangeurs en train de trinquer. Elle peut être lue de différentes manières et les historiens de l'art en discutent encore. Dans un premier temps, laissons à William Sterling (Velázquez et ses œuvres, Librairie Renouard, Paris, 1865) nous la décrire à sa manière : "Avec ses Buveurs, Velázquez prouve qu'en peignant des princes il n'a pas oublié comment ou peint des figures grotesques. Cette composition, de neuf figures de grandeur naturelle, représente un Bacchus vulgaire, couronné de feuilles de vigne et assis sur un tonneau ; il pose une couronne semblable sur la tête d'un camarade. La cérémonie s'accomplit avec la gravité que conservent souvent les ivrognes, et en présence de quelques paysans qui ressentent plus ou moins l'effet du vin. L'un est assis, plongé dans une sombre méditation ; un autre vient de se livrer à une plaisanterie qui arrête devant les lèvres d'un troisième drôle la coupe bien remplie, et qui provoque de sa part un éclat de rire auquel on doit l'aspect de sa mâchoire ébréchée. Un quatrième, un peu derrière, s'est, comme le précédent, dépouillé jusqu'à la peau, et, roulant sur un banc, il contemple avec satisfaction le gobelet que tient sa main. Sous le rapport de la force du caractère et de la vigueur du coloris, ce tableau n'a jamais été surpassé ; l'humour qui y domine, assure à Velázquez le titre de l'Hogarth de l'Andalousie." Ces paysans fêtent la fin des vendanges et le changement de saison. Ils s’adonnent à une joyeuse bacchanale en l'honneur de Bacchus (nom romain de Dionysos), dieu de l’excitation, de la frénésie, de l’enthousiasme et du vin. Il semblerait que Rubens ait inspiré cette œuvre à Velázquez en lui décrivant le bal masqué qui avait eu lieu quelques années auparavant à Bruxelles en l’honneur de l’archiduc Albert le Pieux et de son épouse Claire Eugénie ; mais il peut également avoir pensé à un autre événement qui s’était déroulé à Madrid : un char de cavalcade avec un cortège semblable à celui de ce tableau...

XVIIIe SIÈCLE

> Découvrez les œuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

1. En France, le billard, divertissement longtemps réservé à la noblesse, se popularise au cours du XVIIIe siècle avec l’autorisation d’installer des tables dans des lieux publics. Vivant Denon affirme que d'innombrables salles de billard voient alors le jour. Il devient un jeu populaire et ces « académies » - peuplées de jour comme de nuit par des habitués, joueurs ou spectateurs, maîtres ou amateurs – deviennent des lieux de convivialité entretenue par le vin, apprécié de plus en plus par les classes moyennes. C’est ce qu’illustre Jean-Baptiste Chardin dans La Partie de Billard.

 

3-4. En revanche, la chasse reste un des privilèges des aristocrates. Lors d’une halte, ils  s’attablent pour un Pique-nique de chasse avec Françoy Lemoine ou Repas de chasse avec François Boucher.  Assis au centre cette composition et ressortant du lot par la blancheur de son linge, l'un des convives, débraillé et le mouchoir noué sur la tête, les yeux en pâmoison, donne un ton comique à ce repas de chasse... Il tient d'une main une bouteille de vin rouge et de l'autre tend son verre à l'unisson avec deux de ses compères, tandis qu'un quatrième chasseur à gauche s'adonne à la sieste. Pour le Musée du Louvre, "le geste pittoresque des trois verres levés compte parmi les plus savoureux hommages rendus par un peintre au divin breuvage. Ce détail, dans l'iconographie du vin, n'a d'égal que le bouchon de champagne sautant en l'air dans le Déjeuner d'huîtres de Jean-François de Troy".

Suggestion : Antonio Vivaldi, Opus 8, Concerto n° 10 en si bémol majeur R. 362 La Chasse (1725), Allegro

5 à 7. On se réunit pour « dîner » et recréer son décor familier en plein air comme l’illustrent Carle Van Loo dans Halte de chasse et Jean-François de Troy dans Un déjeuner de chasse. « La table est dressée avec faste, les chiens participent au festin. Voitures et chevaux s’éloignent tandis que, de l’auberge, arrivent les domestiques qui apportent les chaises. Les serviteurs sortent des paniers en osier la vaisselle d’argent et les mets froids qu’ils disposent sur la table recouverte d’une nappe de lourd damassé. Il n’est pas d’usage au XVIIIème siècle de disposer les verres sur la table ; ils  attendent d’être remplis à la demande par les nombreux domestiques. Le service à la française règle l’ordre d’enchaînement des plats et la façon de les servir. Les mets, très nombreux, sont apportés en vagues successives, les « services ». À celui des potages et des entrées succèdent ceux des rôtis et salades, puis des entremets. Le repas s’achève sur les fruits ». Si les vins fins de Bourgogne règnent alors en maîtres dans les caves parisiennes, le champagne mousseux suscite un véritable engouement auprès de l’aristocratie. Cette dualité se retrouve dans le tableau de Van Loo : si un personnage du fond se verse du vin rouge, un domestique noir apporte des bouteilles ficelées dans un panier.

 

9. Le Pique-nique (Merienda campestre) de Francisco de Goya évoque a lieu lors des fêtes patronales d'Isidore le Laboureur (saint patron de Madrid). Des jeunes gens élégamment habillés terminent leur repas champêtre, l'un d'eux est ivre, tandis qu'un autre, un verre à la main, essaye de flirter. Nous sommes en plein marivaudage. Il va sûrement s'ensuivre une partie de colin-maillard !

 

10. On trouve la même ambivalence dans le Souper du prince de Conti au Temple-1766 de Michel Barthélémy Ollivier. « Le prince de Conty est en habit rouge, un ruban noir (St Michel) autour du cou ; il prend une bouteille dans un seau à rafraîchir et se penche à droite vers Mme de Boufflers (sa maîtresse)… ». Sous l’effet de la mode, le champagne s’est invité à la table de l’acquéreur six ans plus tôt de la Romanée, sur le finage de Vosne. Elle était déjà très connue et fortement appréciée. Arbitre du goût, le prince en réserve le vin à ses seuls invités lors des fameux soupers du lundi.

Suggestion : Wolfgang Amadeus Mozart, Concertone pour deux violons, hautbois, violoncelle et orchestre en ut majeur K. 190 (1773), Andantino Grazioso

12. Pour les notables londoniens du XVIIIe siècle, le vin était pratiquement synonyme de porto et c’était fête tous les soirs. Ils étaient décrits comme de véritables « athlètes des liqueurs ». Ils montaient sur la table comme ces gentlemen du Dîner de Thomas Rowlandson (1787, L’Ermitage, Saint-Pétersbourg), capables d’ingurgiter le contenu de trois bouteilles de porto consécutives : c’étaient les « three-bottle men » . C’était même le test d’admission d’un fameux club londonien de l’époque, le Hellfire Club (les feux de l’enfer), dont les membres étaient tous issus de la haute société. Cette ébriété n'a rien de spécialement préromantique, sauf dans l'esprit satirique de Rowlandson qui l'évoque dans un style agressif, populaire, et qui se souvient de Hogarth. 

XIXe SIÈCLE

> Découvrez les œuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

3. On a accusé à l’époque le peintre, Albert Fourié, d’avoir travaillé en atelier à partir d’une photographie. Mais il existe justement une photographie en plein air de l’artiste à côté de son tableau inachevé. Cette anecdote illustre bien la place qu’occupe la photographie comme concurrente de la peinture à l’époque. Une autre indication en est la suggestion que l’on a faite que Fourié aurait mis sa toile sous les arbres — comme sur la photographie retrouvée — afin de mieux reproduire sur le tableau les effets de lumière traversant le feuillage pour tomber en tâches sur la table du repas. En tout cas le peintre se rapproche certainement de la photographie par son souci de croquer les visages et les attitudes dans un instantané qui rappelle directement cette technique (Source : Musée des Beaux-Arts de Rouen).

6. Le peintre rassemble pour cette fête du 14 juillet toute une panoplie de figures familières du Paris populaire et canaille : ouvriers, artisans, gens de maison mais aussi souteneurs et escrocs que l’on surnomme alors les Apaches.

XXe SIÈCLE

> Découvrez les oeuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

3. A Bordeaux, dans l'entre-deux guerres, le Cercle des Bons Mardis de Charles Cazalet réunissait à déjeuner au Majestic négociants et amateurs éclairés de grands vins. Bien que Le Majestic soit réputé pour la qualité de sa cave, chacun amène ses meilleures bouteilles pour les faire partager. On y goûte donc des vins de Bordeaux, mais, apparemment, d'autres vins, certains n'hésitant pas à venir avec une bouteille de Champagne !

LES APPARENCES PEUVENT ÊTRE TROMPEUSES

Bruegel Repas de noces KunstGG_1027_Web.jpg

Le Repas de noce ou La Noce paysanne est une peinture de 1567/69, l'une des dernières du flamand Pieter Brueghel l'Ancien (Kunsthistorishes, Vienne). Ce tableau, maintes fois reproduit et maintes fois copié, symboliserait le partage et conviendrait donc parfaitement pour illustrer le rôle du vin. C'est ce que nous indiquent de nombreux auteurs et l'excellente Web Gallery of Art. Le "hic" est que ce n'est pas du vin que l'on sert, en abondance, aux convives. Au XVIe siècle, en Flandre comme dans le nord de la France, le vin n'était pas le fournisseur de calories bon marché des travailleurs de force, mais, au contraire, la boisson des élites sociales. La boisson populaire était la bière (jusqu'à deux à quatre litres par jour et par personne), même pour les fêtes. Le Kunsthistorisches Museum de Vienne qui expose cette magnifique œuvre sur ses cimaises indique qu'il en est bien ainsi dans cette noce de campagne (Cäcilia Bischoff, Masterpieces of the Picture Gallery. A Brief Guide to the Kunsthistorisches Museum, Vienna 2010). C'est également le point de vue d'Ernst Gombrich dans son incontestable Histoire de l'art, et celui d'Alexander Wied, spécialiste autrichien de Brueghel.

Enfin, nous avons un indice : la couleur et la consistance de la boisson transvasée sont bien celles de la bière. Elle coule à flots et on se passe de verres, chacun disposant de sa cruche. On pourrait également ajouter que c'était en parfaite adéquation avec ce qu'on leur servait : du pain, du porridge et un potage.

FÊTES ET VIE EN SOCIÉTÉ AU MOYEN-ÂGE DANS LES MANUSCRITS ILLUMINÉS

> Découvrez les œuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

Technique picturale (au même titre que la fresque ou la peinture de chevalet), l'enluminure est reine au cours du Moyen-Age. Exécutée à la main, elle décore ou illustre un texte, généralement un manuscrit. Si jusqu'au XIIe siècle les manuscrits sont copiés dans les établissements ecclésiastiques, principalement les abbayes, où ils servent à célébrer le culte et à nourrir la prière et la méditation ; à partir du XIIIe, un artisanat et un marché laïcs se développent avec l'essor de l'université et des administrations et l'émergence d'un nouveau public amateur de livres.

 

Découvrez le vin dans l'enluminure : de boire en savoir boire >>

LE VIN DES ARTS : LES FRESQUES ANTIQUES, LA TAPISSERIE, LES OBJETS D'ART ET LES AFFICHES

> Cliquez sur les œuvres pour les voir dans leur entier

Compagnon des Muses, le vin est à la croisée des arts, que ce soit, par exemple, la littérature, la musique, les arts décoratifs ou les arts plastiques. Dans tous les cas, le vin est un témoin irremplaçable de notre histoire sociale et culturelle. Si à ce jour, le Musée Virtuel du Vin est principalement consacré à la peinture, quelques exemples puisés dans d’autres formes artistiques nous permettent également de l’illustrer, de "le voir". Ces quelques exemples traitent du même thème que cette galerie de peinture : une fresque antique de la Tombe des Léopards  dans la nécropole étrusque de Tarquinia, en Italie centrale ; un panneau de la Tapisserie de Bayeux qui nous invite à découvrir la conquête du trône d'Angleterre par Guillaume le Conquérant et son premier banquet avec ses barons normands sur le sol anglais, l'évêque bénissant la nourriture et la boisson ; une Diane au cerf, un jeu à boire ; et, du peintre Pierre Bonnard, une affiche France-Champagne, le champagne s'y affirmant comme un symbole de fête et de plaisir, de joie de vivre.

Découvrez le Vin des Arts  >>

LE VIN COMPAGNON DE LA VIE SOCIALE, LES GALERIES

>  Vin et peinture  >  De boire en savoir-boire  >  Compagnon de la vie sociale  > Fêtes et vie en société

bottom of page